La Fondation du Centre

LA FONDATION DU CENTRE

La sœur Maria MUNOZ

LA FONDATION DU CENTRE

La fondation de notre centre est le résultat de la rencontre de deux êtres, l’un spirituel, l’autre humain, le frère Juan Morillo et la sœur Maria Munoz  en l’année 1925.
Voici résumée ce que fut la dernière existence du premier, racontée par lui-même :
Recueilli par un hospice catholique de Madrid tout enfant, il s’en évade à l’âge de 12 ans, ne pouvant supporter d’être enfermé. Il vécut dans les milieux les plus déshérités de la capitale. A 18 ans, il recherchait la bonne société,  mais ses propos étranges le désignaient aux sévices des autorités, ce qui l’obligeait à se réfugier dans les environs de Madrid. Il était médium guérisseur et beaucoup le traitaient de fou en remerciement de ses guérisons. Il connaissait passablement la doctrine spirite par ce que lui avait enseigné une vieille dame.    Il laissa l’existence terrestre à l’âge de 33 ans,  en 1900. C’était un soir de décembre neigeux,  par un froid vif, la mort le surprit sur la route, au cours d’un de ses déplacements.
Après sa désincarnation, il cherche à poursuivre sa tâche de propagation de la doctrine et rencontre cette pauvre femme au grand cœur qu’était Maria Munoz. Il s’attache à elle en tant que guide spirituel et lui facilite la rencontre d’hommes de bonne volonté, plus jeunes et plus vaillants, pour la création du Centre, le 21 Juin 1926, et la continuation de la tâche commencée. La sœur Maria Munoz s’est désincarnée le 21 novembre 1930.
Nous allons vous raconter quelques épisodes de sa vie matérielle.
La sœur Maria Munoz est native de la région la plus pauvre et la plus ensoleillée d’Espagne, à l’extrême sud, l’Andalousie. Elle ne parlait que la langue espagnole. Nous passons sur sa jeunesse, son mariage avec un homme veuf, ayant quatre ou cinq enfants en bas âges qu’elle élève grâce à son activité et à son travail.
Quelques années après,  elle demeure dans le village espagnol de La Linea et travaille à Gibraltar en tant que cuisinière dans la famille d’un officier de la garnison. Parfois, lors d’un diner, elle finissait son service assez tardivement et rentrait chez elle en passant par un endroit désert et cependant elle n’avait jamais peur. Elle était médium-voyante  (qui voit les Esprits) et voyait, marchant à ses côtés, son Esprit-guide, et un autre Esprit vêtu en tenue de soldat écossais.
Après son travail, elle se rendait chaque soir au local servant de lieu de réunion au Groupe spirite dont elle faisait partie. Elle était médium-guérisseuse. Dans la journée,  les malades venaient au local où un homme âgé, sans occupation, les recevait et notait leurs noms et adresses sur de petites feuilles de papier, individuellement. Lorsque la médium arrivait le soir, l’homme lisait les noms et adresses et la sœur Maria Munoz dictait les soins à donner,   que le premier écrivait au verso des papiers qu’il rendait aux malades le lendemain. Les soins étaient ordonnés par l’Esprit-guide de la médium, médecin dans sa dernière existence terrestre dont nous ne nous souvenons que du prénom.  Il est aisé de comprendre que le médecin spirituel entrait en rapport avec les Esprits-guides des malades.
La sœur Maria Munoz, femme d’humble condition, illettrée, ayant un sens philosophique peu commun, ne craignait pas de répondre lorsqu’on lui posait une question embarrassante sur la doctrine : « Attends,  je vais demander à mon guide. » Elle donnait la réponse un instant après, car elle était médium-auditive à l’état permanent.
Lorsque nous disons : « L’heure a sonné pour lui de comprendre », cette expression qui semble marquée du sceau du plus pur fatalisme oriental, répond à une réalité confirmée par l’étude de l’enseignement des Esprits,  nos frères spirituels. L’ouverture de l’esprit humain à la connaissance spirite n’est pas le résultat accidentel d’un état d’âme particulier, mais un lent  cheminement de l’esprit au cours de nombreuses vies successives ; ceci explique la maturité plus ou moins avancée des êtres humains et leur acceptation plus ou moins rapide du fait spirite. Prétendre que le choix est laissé à notre libre arbitre est peut-être flatteur pour l’individu moderne qui se veut scientifique,  mais il ignore dans quelle vague le torrent de la Vie spirituelle l’emporte à son insu.
Pour vous montrer qu’il n’est pas absolument nécessaire d’avoir recours à des méthodes scientifiques pour obtenir la certitude de 1′existence spirituelle – ce que les méthodes scientifiques sont encore loin de donner – nous allons vous raconter par quelle suite de circonstances imprévues, un jeune homme, prénommé Antoine, est venu au Spiritisme.
Ce récit sera plus reposant qu’une longue dissertation philosophique.
Ce jeune homme,  âgé de 25 ans environ, vivait avec sa mère et une jeune sœur de 20 ans à laquelle il était très attaché. Or, la jeune fille ayant des crises soudaines d’épilepsie,  depuis peu de temps, son frère la fit visiter par deux ou trois médecins, sans résultats appréciables, qu’un état d’abrutissement, de somnolence provoqué par leurs médecines.    Apprenant qu’une femme espagnole guérisseuse demeurait dans un village proche d’une vingtaine de kilomètres de son lieu de résidence – et poussé par son voisinage – car il était plutôt sceptique,  il entreprit le voyage avec sa soeur pour consulter cette brave femme,  assez âgée,  qu’était la soeur Maria Munoz.
Celle-ci fit asseoir la jeune fille devant elle, la regarda pendant quelques minutes et lui dit : « Tu peux partir tranquillement, tu n’auras plus de crises. »
Le frère était stupéfait de voir que cette femme, après quelques instants, paraissait certaine d’un résultat que les médecins n’avaient pu obtenir en plusieurs mois. La guérisseuse,  lisant le scepticisme sur son visage,  lui dit ceci : « Ta soeur était fiancée à un jeune homme mort d’une maladie de poitrine. C’est lui que j’ai vu près d’elle. Dans son inconscience, il s’approchait d’elle pour l’embrasser et provoquait ces transes. Je lui ai fait la morale pour lui faire comprendre son état. Il a promis de ne plus recommencer et de protéger la jeune fille. »
Celle-ci ne fut plus malade ; ce n’était qu’un cas d’obsession. La médecine fait ce qu’elle peut avec ce qu’elle a.
Antoine,  ayant une belle voix de baryton-martin et l’ambition de faire une carrière théâtrale, avait loué un piano pour vocaliser chez lui et prenait des leçons de chant chez un professeur. Environ trois ou quatre mois après la visite à la guérisseuse, il se rappela cette brave femme pour la consulter au sujet d’une anomalie constatée dans sa voix ; lorsqu’il s’exerçait chez le professeur, il avait une difficulté vocale inexplicable, ce qui l’inquiétait pour son avenir artistique.
Même processus, la soeur Maria Munoz le fait asseoir devant elle et après un instant lui dit, souriante : « Dans ta famille il y a un curé  (le jeune homme fait un vif signe de négation). Son nom est Ch. (le nom maternel du jeune homme). Un vieux curé de soixante-dix ans au moins. Il dit que le métier d’artiste n’est pas un métier pour toi. Tu as une autre mission à remplir. Chaque fois que tu es chez le professeur, il te prend à la gorge et t’empêche de chanter. »
Antoine partit stupéfait  et  sceptique. Après une longue enquête, il découvrit  qu’un jeune enfant de 10 ans, parent du côté de sa famille maternelle, expatrié au Brésil avec  ses parents – bien longtemps auparavant était devenu curé  et très vieux curé. C’était cet Esprit que la voyante avait vu.
La soeur Maria Munoz était médium-guérisseuse,   médium-auditif, médium-voyant,  médium-parlant à transe,  médium à transport,   à un haut degré de perfection.
Le jeune Antoine retourna voir cette femme d’une bonté et d’une patience infinie,  la questionnant sans relâche sur la doctrine. Il s’attacha à elle comme à sa seconde mère. Il la fit venir à Casablanca où elle habita dans une humble maison d’un quartier ouvrier. Sa conversation sur l’enseignement des Esprits était intarissable.

Elle avait connaissance de cinq ou six de ses vies antérieures. Dans l’une d’elle, elle avait eu le jeune Antoine comme fils. Son époux était un soldat grec ;  cela se passait en Asie Mineure. Nous avons oublié les autres détails.
Antoine devint par la suite l’un des fondateurs actifs du Groupe spirite dont la soeur Maria Munoz fut l’instigatrice. Il fut médium-parlant, médium-voyant,  médium écrivain et médium-dessinateur. Nous en reparlerons plus tard.
Il est évident que la faculté médiumnique est fonction du degré d’élévation morale du médium, de son degré de détachement des biens matériels. En cette circonstance,  les facultés médiumniques de Maria Munoz avaient atteint un sommet peu commun. Lorsque nous disons qu’ elle était médium-voyant, nous voulons dire que lorsque quelqu’un venait vers elle,  elle voyait en même temps le visiteur et l’entité spirituelle l’accompagnant. Lorsqu’on était en sa compagnie, son élévation spirituelle entraînait celle de ses visiteurs, ce que nous avons constaté en deux occasions dont voici la plus amusante :
Le frère Antoine était allé rendre visite à la médium, comme il le faisait en fin de journée, après son travail, presque chaque jour. Il bavardait avec elle,  toujours de la doctrine,  car il avait beaucoup à apprendre. Ils s’asseyaient au pas de sa petite maison, dans un minuscule jardin entouré d’une petite clôture de bois. La conversation allait bon train quand, soudain, il aperçoit passant dans la rue, derrière la clôture, une ravissante jeune fille blonde.    Il la suit des yeux et, à sa grande surprise, il voit la jeune fille dans le jardin, sans que le portillon se soit ouvert. Il comprend qu’il s’agit d’un Esprit, mais continue à deviser comme s’il n’avait rien vu. La soeur Maria Munoz lui dit  en souriant, après un moment : « Tu ne veux pas me dire que tu l’as vue ; c’est la fille du propriétaire ; elle vient souvent ici. » Antoine n’était pas médium-voyant à cette époque.
Au stade de développement qu’avaient atteint  ses facultés médiumniques on pourrait ne plus parler de médiumnité. Elle vivait à cheval sur deux mondes, le monde matériel et le monde spirituel ; cette différenciation étant le fait de notre vue limitée, tant le monde des humains et le monde des Esprits s’interpénètrent.
Voici une autre petite anecdote assez amusante :
Un jour, une femme européenne vient trouver la soeur Maria Munoz et, sous le prétexte de lui faire prendre un peu de repos et de bon air à la campagne,  l’invite à passer quelques jours dans une ferme des environs. Le voyage s’effectue en voiture à cheval, sans encombre, et les voilà arrivées dans une ferme appartenant à des Marocains affables et hospitaliers, comme de coutume. La maison est en pierre, bien blanchie et propre comme on en voit dans les campagnes. Le soir, au moment de se mettre au lit dans une petite pièce qui lui est réservée, elle remarque avec surprise que sa porte n’a pas de serrure et  que quelqu’un a tiré un loquet à l’extérieur. Elle trouve le procédé étrange. « Je suis donc prisonnière »,  pense-t-elle. Son guide la rassure. Elle éteint le luminaire. A ce moment-là, elle voit un Esprit agressif, un marocain,  l’ancien propriétaire qui veut la chasser de la maison.
La soeur Maria Munoz s’adresse à lui par la pensée, lui fait la morale, lui fait  comprendre qu’il est dans l’erreur puisqu’il n’est plus du monde des humains et lui explique ce qu’il doit faire pour trouver le repos de l’âme. Il comprend et se retire, la laissant dormir tranquillement  jusqu’au lever du jour.
Le matin, quelqu’un ouvre la porte ; elle s’habille et sort. Les gens de la maison sont tous là,  la regardant d’un drôle d’air.
La soeur Maria Munoz a compris qu’on s’est  joué d’elle, car la pièce était hantée.     Les gens le savaient et pensaient aussi, d’après ce qu’on dit dans les milieux paysans, que lorsqu’une habitation est hantée c’est que le propriétaire défunt y a caché un trésor et défend son bien avec acharnement. On espérait qu’elle trouverait le trésor au moyen de ses facultés. Les propriétaires en furent pour leurs frais car Maria Munoz demanda à partir sans dire un mot.
Dans les derniers jours de son existence terrestre,  la médium habitait une très modeste maisonnette,  dans un jardin bien tranquille. La pièce était pauvrement meublée d’un lit de fer,  d’une table et d’un fauteuil à bascule où elle aimait se reposer. Elle avait deux couvertures mais pas de drap. Rien ne lui appartenait en dehors des vêtements qu’elle avait sur  elle ; les questions matérielles ne la préoccupaient pas.
La soeur Maria Munoz avait soigné avec succès des cas d’érésipèle. On peut dire, qu’en quelque sorte, c’était  sa spécialité. Vers la fin de son existence,  elle-même était atteinte de ce mal. Ses jambes ne la portaient plus, mais elle était toujours gaie et souriante.  Inquiets pour sa santé,  les deux frères s’occupant d’elle,  firent venir un médecin qui leur dit  en a parte que ce sera fini lorsque le mal atteindra le cœur. Lorsqu’ils revinrent vers elle, elle leur dit,  souriante : « Le docteur se trompe, le mal ne dépassera pas les genoux. » Elle laissa l’existence terrestre quelques  jours après, assise dans son fauteuil, en s’écriant : « Vive la liberté ». Elle entendait la liberté spirituelle,  évidemment.
Après l’inhumation, les deux hommes attristés, Antoine et Manuel Botella (Nous parlerons de ce frère plus tard), se retrouvaient dans son petit logis, lorsque le frère Botella,  tombant en transe, pris par l’Esprit de Maria Munoz,  dit ces quelques mots : « J’ai  suivi l’enterrement près de vous et vous pleurez, alors que j’ai quitté ce corps en criant ma joie ;  vous avez donc oublié ce que je vous ai enseigné. » C’est la reconnaissance spirituelle la plus rapide que nous ayons connue.
La soeur Maria Munoz n’a jamais cessé de participer aux travaux du Groupe,  de nous conseiller,  de nous aider dans les moments difficiles.